L'histoire d'un otage
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Iryna Horobtsova
Une habitante de Kherson, Iryna Horobtsova, a été enlevée le jour de son anniversaire, le 13 mai 2022. La femme a eu 37 ans. Six soldats russes au visage masqué ont fait irruption dans son appartement et ont commencé à le fouiller. Les parents d'Iryna étaient très effrayés. Sa mère pleurait, les occupants l'ont bloquée dans la cuisine. Après avoir retourné la maison sens dessus dessous, les russes sont partis, ils ont emmené Iryna.
Avant l'occupation, Iryna Horobtsova menait une vie prospère à Kherson : elle travaillait dans une société informatique et faisait aussi des études de psychologue. Elle aimait voyager, faire de la natation et aider les gens. Lorsque les Russes ont occupé la ville, Iryna a conduit au travail les médecins qui vivaient en banlieue et a collecté des fonds pour le centre local de transfusion sanguine. Elle a également participé à des manifestations contre l'occupation et n'a pas hésité à exprimer sa position pro-ukrainienne.
Mme Horobtsova a été enlevée dans l'appartement de ses parents, qui donne sur l'aéroport de Tchornobaïvka. C'est sur cet aérodrome que les Russes ont déployé leur matériel et leur personnel, et les troupes ukrainiennes ont réussi à les détruire à plusieurs reprises. Après une nouvelle frappe efficace, les militaires russes ont commencé à enlever des habitants, les soupçonnant d'avoir ajusté les tirs. L'une des victimes était Iryna Horobtsova.
Le lendemain de son enlèvement, ses parents se sont rendus au centre de détention de Kherson pour donner des vêtements de rechange à leur fille. Cependant, les occupants ne leur ont pas permis de transférer des vêtements ou de la nourriture. Les parents ont essayé tous les jours de rencontrer Iryna, mais en vain. Quelque temps plus tard, le centre de détention a informé que Horobtsova n'était plus là. La femme a été emmenée en Crimée temporairement occupée. Ses parents sont allés la chercher au centre de détention de Simferopol, mais personne n'a voulu leur parler. Les parents ont engagé un avocat en Crimée. Cet avocat a découvert qu'Iryna avait effectivement été emmenée au centre de détention de Simferopol, où ses empreintes digitales ont été relevées. Elle serait apparemment détenue à Sébastopol.
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Volodymyr Mykolayenko
De 2014 à 2020, Volodymyr Mykolayenko a été maire de Kherson, une capitale régionale au sud de l'Ukraine. Au début de l'occupation, Mykolayenko, 62 ans, n'a pas quitté sa ville natale. Les Russes ont essayé à plusieurs reprises de forcer l'homme à coopérer, mais il a résolument refusé. Le 18 avril Volodymyr a disparu: il a quitté la maison et n'est pas revenu. L'ex-maire de Kherson est devenu l'un des dizaines d'habitants enlevés au printemps 2022. La plupart d'entre eux étaient des personnes impliquées dans la défense de la ville ou celles qui soutenaient publiquement l'Ukraine malgré l'occupation. Peu après, les Russes ont publié une vidéo de propagande avec Mykolayenko, mais même en captivité, l'homme s'est comporté avec dignité et n'a pas abandonné sa position pro-ukrainienne.
Début mai, les occupants sont venus perquisitionner l'appartement de Mykolayenko, ainsi que celui de sa fille. Ce jpur-là, sa femme Maryna a vu Volodymyr pour la dernière fois. “Deux voitures portant les lettres "Z" sont arrivées. L'une était occupée par des militaires, l'autre par des hommes en uniforme noir. Je pense que c'était le FSB. C'est avec eux que mon mari se trouvait dans la voiture. Quand il est sorti, je lui ai dit: "Raconte-moi tout." Il dit: "Dis à tout le monde que je vous aime très, très fort", se souvient Marina. Quand à la perquisition, elle s'est transformée, selon la femme, en un véritable cambriolage. Les russes ont pris tout ce qu'ils ont vu: routeurs, parfums, alcool, champignons et café. Tout d'abord, l'ancien maire a été détenu dans les locaux du commissariat de police de Kherson, où les prisonniers ont été brutalement torturés. Par la suite, l'homme a été transporté en Crimée occupée. Au bout d'un certain temps – au territoire de la Fédération de Russie.
La nièce de Volodymyr, Ganna, a raconté que la famille recueillait petit à petit des renseignements sur l'endroit où se trouvait Mykolayenko auprès d'Ukrainiens libérés de captivité. Il dit que son oncle a été transféré de colonie en colonie à plusieurs reprises. Par conséquent, sa situation change constamment. Volodymyr souffre de problèmes de santé : il fait de l'hypertension et a mal au dos. Lors de la perquisition de son appartement au printemps dernier, on lui a permis d'emporter quelques médicaments. Mais ils n'auraient pas suffi longtemps. Sa famille ne sait pas si Mykolayenko reçoit un traitement dans des établissements pénitentiaires russes.
Pendant toute la durée de sa captivité, la famille n'a reçu qu'une seule fois une lettre de Volodymyr, c'était en août dernier. Depuis cette date, aucune nouvelle de lui n'a été reçue.
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Serhii Leibak
Serhii Leibak, 35 ans, a été fait prisonnier par les Russes après l'occupation de son coin de pays, la flèche de Kinburn, une zone protégée dans le sud de l'Ukraine, à la suite d'une invasion de grande échelle. Avant la grande guerre, Serhii vivait dans le village de Pokrovske avec sa femme Khrystyna et ses deux enfants. Il a travaillé comme inspecteur de la conservation de la nature dans le parc national de la Côte Blanche de Sviatoslav. Le 19 mars 2022, alors que Serhii était au travail, les russes sont venus le trouver. Selon son épouse, les occupants auraient pu être intéressés par les camionnettes utilisées par son mari, car ces véhicules étaient adaptés au transport de cargaisons militaires.
Après la disparition de son mari, Khrystyna ne savait pas s'il était vivant ni où il se trouvait. Avec ses jeunes enfants, elle a dû fuir l'occupation russe sur un minuscule bateau dans une tempête sur la mer.
Chaque jour, Khrystyna examinait des centaines de photos de prisonniers qu'elle avait trouvées en ligne pour voir un visage qui lui était familier. Ce n'est qu'en septembre 2022 que la femme a réussi à trouver une photo de son mari enlevé. "Serhii avait l'air terrible, il avait des bleus sur le visage et un bras bleu blessé, il a tenu une enseigne avec son nom", se souvient Khrystyna. Elle a trouvé des gens qui ont vu Sergei dans un centre de détention en Crimée. Plus tard, elle a appris que Leibak avait été transféré dans un centre de détention provisoire à Taganrog. Par la suite, un soldat qui a été placé en liberté à titre d'echange de prisonniers a expliqué à Khrystyna que, jusqu'au 16 février 2023, il se trouvait dans un centre de détention provisoire dans la ville russe de Ryazhsk, dans la région de Ryazan, avec son mari. Selon ce militaire-là, les prisonniers civils y étaient détenus avec les militaires. Les cellules sont surpeuplées, les otages sont mal nourris et souvent torturés. En outre, ni les avocats ni les représentants du Comité international de la Croix-Rouge n'ont accès aux prisonniers ukrainiens.
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Mykyta Bouzinov
En février dernier, Mykyta Bouzinov, âgé de 25 ans, a quitté la grande ville de Tchernihiv située dans le nord de l'Ukraine, près de la frontière avec la Biélorussie, pour se rendre dans un petit village où il pensait être en sécurité. La veille, la Fédération de Russie a envahi l'Ukraine et occupé ses territoires. Les premiers jours, le jeune homme et sa famille ont vécu dans la paisible commune urbaine de Mykhaïlo-Kotsioubynske, à 20 kilomètres de la ville. Mais la paix n'a pas duré longtemps, car les Russes sont arrivés et ont occupé ce lieux. Et lorsque l'armée ukrainienne a détruit plusieurs colonnes ennemies, les occupants ont entrepris d'enlever des civils, à la recherche de ceux qui pourraient communiquer avec les militaires ukrainiens.
Mykyta était un simple chauffeur et n'avait pas de lien avec l'armée. Il ne pensait donc pas que les militaires russes pouvaient s'intéresser à sa famille. Mais le 4 mars, les militaires ennemis sont venus dans la maison de la famille des Bouzinov.
Toute la famille était là : sa mère et son oncle, son frère, ainsi que sa fiancée Kateryna. Les gens ont été emmenés à l'extérieur de la maison et leurs téléphones ont été confisqués. Et c'est alors que l'horreur a commencé. On a déshabillé Mykyta pour vérifier s'il avait des tatouages et des cicatrices d'armes sur le corps. Les Russes ont pointé des mitrailleuses sur le jeune homme et son frère. Les militaires ont hurlé qu'ils avaient trouvé des cartes dans le téléphone du frère. Quant à Mykyta, il a été accusé d'avoir prétendument transmis certaines informations. Pour intimider les gens, les russes ont même simulé une fusillade: Ils ont emmené Mykyta derrière un hangar et se sont mis à tirer. La mère du jeune homme a vécu un véritable enfer parce qu'elle ne savait pas si son enfant était en vie.
Plus tard, sa fiancée Kateryna a été agenouillée à côté de Mykyta. La jeune fille a également été menacée avec des armes. Les soldats lui ont fait subir des pressions psychologiques, menaçant de tuer son bien-aimé sous ses yeux.
Les militaires sont finalement partis, mais ils ont emmené Mykyta. Sa famille n'avait aucune idée de l'endroit où le chercher. Les parents espéraient que le jeune homme reviendrait le lendemain, mais le temps passait et il n'y avait aucune nouvelle de leur fils et bien-aimé. Après la libération de la commune urbaine, la famille des Bouzinov a appris qu'un habitant de la localité, qui avait également été enlevé par les Russes le 4 mars, a été retrouvé torturé à mort : après avoir été battu pendant des jours et des jours, il a été exécuté d'une balle dans la tête. Tout le monde craignait que Mykyta ne soit victime d'un même sort. Sa mère a fourni des échantillons d'ADN. Les mois passaient, mais la famille ne recevait aucune correspondance. Le jeune homme ne figurait pas parmi les morts.
Enfin, neuf mois après son enlèvement, on a appris qu'il pourrait être détenu à Belgorod, en Russie. L'avocat engagé par ses proches s'est rendu dans cette ville, mais on lui a répondu que Mykyta Bouzinov ne se trouvait pas dans le centre de détention de Belgorod. Plus tard, une autre nouvelle est tombée : une personne portant ce nom a "quitté" la prison locale.
La famille espère donc que le jeune homme est toujours en vie et qu'il est détenu dans une prison russe. Et qu'un jour, il rentrera.
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Mykola Garbar
Depuis près de deux ans, le sort du mécanicien âgé de 55 ans, originaire du village de Novokaïry, dans la commune de Beryslav (région de Kherson), reste inconnu. Depuis le 16 août 2022, Mykola Garbar ne communique plus avec sa femme, qui a quitté le village occupé au début de l'invasion russe. Plus tard, une voisine du couple a déclaré avoir vu Mykola enlevé par l'armée russe le 17 août.
— « Un véhicule militaire russe, leur « Tigre », s'est approché de la maison », explique Tetiana Garbar le message de sa voisine, « il y avait quatre hommes ». Ils sont entrés dans la cour, dans la maison et y sont restés longtemps sans sortir. Ensuite, Mykola a ouvert la porte, a sorti sa voiture, a fait un clin d'œil à sa voisine en lui indiquant qu'ils l'emportaient, s'est mis au volant, un soldat russe armé est monté à côté de lui, et ils ont quitté le village.
La voisine qui a été témoin de l'enlèvement de Mykola Garbar disposait d'un double des clés de sa maison et est donc allée vérifier la situation. La maison n'était pas verrouillée. À l'intérieur, elle a vu un coffre-fort ouvert et le portefeuille vide du propriétaire. Il n'y avait pas de passeport et de billet militaire de Mykola.
La famille et les amis de Mykola Garbar ont tenté de le retrouver dans les villes de Nova Kakhovka, Tchaplynka et dans d'autres lieux où la Russie retient des Ukrainiens. Quelques jours après l'enlèvement de Mykola, la marraine de la famille Garbar s'est même rendue à l'usine mécanique de Beryslav, où les Russes torturaient des civils à l'époque. Cependant, aucune information sur le sort de l'homme n'a été trouvée.
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Serhiy Khrolenko
Le jour de sa disparition, Serhii Khrolenko, âgé de 54 ans, maître fabricant de meubles du village de Dymer, dans la région de Kiev, s'est rendu à l'épicerie.
« C'est à 900 mètres de sa maison. Il est parti sans son téléphone ni son passeport parce qu'il espérait revenir très vite. Il a pris un simple sac à main, il était environ 15 h 30. Puis un véhicule blindé russe s'est approché de l'épicerie, des chars passaient. Tout le monde s'enfuyait, mais mon père a décidé de continuer à marcher vers la maison. Ils se mirent à l'appeler en disant : « Où vas-tu ? » Il a répondu qu'il rentrait chez lui. Ils ont dit qu'on l'emmenait avec eux. Mon père a refusé. Alors les Russes ont accouru, l'ont attrapé, l'ont poussé dans un véhicule blindé et l'ont emmené vers le centre du village », a raconté Yana, la fille de Serhiy, en rapportant les paroles des témoins. Elle affirme que le matériel militaire russe était acheminé à travers le village de Dymer, du village de Katyuzhanka vers le village de Demidov.
À l'époque de l'occupation de Dymer, Yana a tenté d'obtenir des informations sur son père auprès d'Oleksandr Kharchenko, collaborateur local et protégé des Russes.
« Le traître a confirmé que le père était détenu en captivité dans la fonderie de Dymer, rue Vishnevaya, n° 22-B. Il a déclaré que le père avait été arrêté en raison de son mauvais comportement, prétendument impoli à l'égard des militaires russes. Kharchenko a promis que le 19 mars, le père sera congédié. Cependant, cela ne s'est jamais produit », explique Yana.
On sait qu'avant la retraite, les Russes ont emmené des otages des régions du nord de l'Ukraine vers la Russie à travers la Biélorussie. Cependant, Yana ne dispose pas d'informations exactes sur le lieu de détention et l'état de santé de son père, bien que son nom apparaisse à plusieurs reprises dans les listes d'otages sur les canaux de recherche de la plate-forme Telegram.
Yana a reçu une réponse à sa sollicitation de la part du Bureau national d'information, qui recueille des informations sur les détenus civils en Ukraine. Cette lettre faisait référence au « séjour (de Serhiy) en captivité », mais aucun autre détail n'a été révélé par les forces de l'ordre.
"Release Hostages: A Demand for Freedom" (Libérer les otages: Une demande de liberté) est une campagne appelant la communauté internationale à agir pour sauver des vies et aider à libérer les Ukrainiens qui sont otages de la Fédération de Russie.
Nous avons créé cette plateforme pour attirer l'attention du monde sur le problème de la détention de civils ukrainiens par la Fédération de Russie. Elle les enlevait et les enlève toujours dans les territoires occupés. Il s'agit de gens ordinaires - chauffeurs, médecins, enseignants, journalistes et autres professionnels, d'âges et de sexes différents - qui, pour la plupart, n'ont pas soutenu l'occupation. Même les mineurs sont détenus. Selon MIHR (Initiative des médias pour les droits de l'homme), à la fin du mois d'août 2023, 1122 civils étaient retenus en otage par la Fédération de Russie. En fait, il pourrait y avoir bien plus de tels cas, car les détentions se poursuivent même à l'heure où vous lisez ces lignes.
Les détentions ont lieu de manière arbitraire et sans explication - ni les détenus eux-mêmes ni leurs proches ne savent souvent pourquoi ils se trouvent dans des centres de détention et des prisons. Notre organisation a réussi à identifier plus de 80 lieux de détention en fonctionnement, tant dans les territoires occupés que sur le territoire de la Fédération de Russie. Là, les gens sont torturés et détenus dans des conditions terribles. Il existe des cas de mortalité en captivité.
La Fédération de Russie reste silencieuse à leur sujet, de même qu'elle dissimule les noms de toutes les personnes qu'elle détient, ne fournit pas d'informations à leurs familles, ne leur permet pas de recevoir des soins médicaux, d'engager un avocat, d'écrire une lettre ou d'envoyer un colis. Même le Comité international de la Croix-Rouge se trouve impuissant : la Russie ne permet pas à ses représentants d'accéder aux lieux de détention des otages civils.
Nous racontons l'histoire des otages et de leurs familles et, avec eux, nous demandons de l'aide pour ramener chaque Ukrainien à son foyer. Rejoignez la campagne "Release Hostages: A Demand for Freedom Campaign" et faites partie de cette entreprise importante.
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Oleksiy Kyrytchenko
Oleksiy Kyrytchenko est policier de Mykhaïlivka de la région de Zaporijjia. Lorsque les Russes ont occupé le village, il a refusé de coopérer avec eux. Le 23 août 2023, les envahisseurs ont fouillé illégalement l'appartement d'Oleksiy et l'ont enlevé. La même année, en décembre, Kyrytchenko ainsi que plusieurs autres otages civils ont été "jugés" par les Russes pour le meurtre d'Ivan Soushko, qui avait fait défection à la Russie et s'était autoproclamé dirigeant de la localité de Mykhaïlivka. À partir du 1er décembre 2023, Kyrytchenko a été détenu à la commune urbaine Pryazovske de l'oblast de Zaporijjia. Quelques semaines plus tard, il a été transféré au centre de détention n° 2 de Simferopol, d'où il est retourné à Pryazovske. Kyrytchenko a été « jugé » à deux reprises par les Russes pour « avoir commis un attentat terroriste par conspiration préalable ». Cependant, sa famille fait remarquer qu'il n'a jamais eu de contacts étroits avec les autres accusés dans le cadre de la « procédure ». Selon sa famille, Kyrytchenko a perdu beaucoup de poids et se trouve dans un état psychologique difficile. De plus, les Russes ne lui remettent pas toutes les lettres de sa famille. La famille cherche maintenant un bon avocat pour Oleksiy, mais les juristes de la défense n'acceptent pas ce type d'affaire en raison de sa notoriété.
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Mariano García Calatayud
Mariano est citoyen espagnol. L'homme avait 74 ans lorsque les militaires russes l'ont enlevé au centre-ville de Kherson, ville occupée. Avant l'invasion à grande échelle, l'homme vivait en Ukraine depuis plusieurs années, où Il travaillait comme bénévole, se rendait souvent à la ligne de contact dans l'est du pays, apportait de l'aide humanitaire aux civils et visitait des orphelinats.
"Mariano, il a le cœur sur la main, quand il a appris la guerre en Ukraine en 2014, les souffrances des civils, il a tout quitté et il est venu ici pour aider les gens", raconte sa femme civile, Tetiana. Au moment de l'occupation de Kherson en 2022, Mariano, comme d'autres citoyens, a participé à des manifestations pro-ukrainiennes, dans l'espoir de forcer les envahisseurs à partir. Le 19 mars 2022, après une manifestation, Mariano n'est pas rentré chez lui. "Il a réussi à me téléphoner pour me dire qu'il était arrivé à la porte, mais quand je suis descendue pour lui ouvrir, il n'y avait personne à la porte", ajoute Tetiana. L'homme a été détenu à Kherson, puis transféré en Crimée occupée dans un centre de détention provisoire où les Russes détiennent également des centaines de civils ukrainiens.
Les témoins qui ont réussi à sortir de là affirment que l'état de santé de Mariano s'est détérioré: il a les jambes gonflées, il a souffert d'une crise cardiaque, mais n'a pas reçu de soins médicaux adéquats. Les Russes ne portent pas d'accusations officielles contre le citoyen espagnol, qui est détenu au secret, sans pouvoir communiquer avec sa famille et sans avoir le droit d'avoir un avocat. La femme de Mariano a fait appel au gouvernement espagnol, aux médias, aux autorités policières ukrainiennes et a adressé de nombreuses demandes à diverses institutions de la Fédération de Russie et de la Crimée occupée, mais elle n'a pas encore reçu d'explication officielle sur les accusations portées à l'encontre de Mariano Garcia Calatayud.
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Mykyta Bouzinov
En février dernier, Mykyta Bouzinov, âgé de 25 ans, a quitté la grande ville de Tchernihiv située dans le nord de l'Ukraine, près de la frontière avec la Biélorussie, pour se rendre dans un petit village où il pensait être en sécurité. La veille, la Fédération de Russie a envahi l'Ukraine et occupé ses territoires. Les premiers jours, le jeune homme et sa famille ont vécu dans la paisible commune urbaine de Mykhaïlo-Kotsioubynske, à 20 kilomètres de la ville. Mais la paix n'a pas duré longtemps, car les Russes sont arrivés et ont occupé ce lieux. Et lorsque l'armée ukrainienne a détruit plusieurs colonnes ennemies, les occupants ont entrepris d'enlever des civils, à la recherche de ceux qui pourraient communiquer avec les militaires ukrainiens.
Mykyta était un simple chauffeur et n'avait pas de lien avec l'armée. Il ne pensait donc pas que les militaires russes pouvaient s'intéresser à sa famille. Mais le 4 mars, les militaires ennemis sont venus dans la maison de la famille des Bouzinov.
Toute la famille était là : sa mère et son oncle, son frère, ainsi que sa fiancée Kateryna. Les gens ont été emmenés à l'extérieur de la maison et leurs téléphones ont été confisqués. Et c'est alors que l'horreur a commencé. On a déshabillé Mykyta pour vérifier s'il avait des tatouages et des cicatrices d'armes sur le corps. Les Russes ont pointé des mitrailleuses sur le jeune homme et son frère. Les militaires ont hurlé qu'ils avaient trouvé des cartes dans le téléphone du frère. Quant à Mykyta, il a été accusé d'avoir prétendument transmis certaines informations. Pour intimider les gens, les russes ont même simulé une fusillade: Ils ont emmené Mykyta derrière un hangar et se sont mis à tirer. La mère du jeune homme a vécu un véritable enfer parce qu'elle ne savait pas si son enfant était en vie.
Plus tard, sa fiancée Kateryna a été agenouillée à côté de Mykyta. La jeune fille a également été menacée avec des armes. Les soldats lui ont fait subir des pressions psychologiques, menaçant de tuer son bien-aimé sous ses yeux.
Les militaires sont finalement partis, mais ils ont emmené Mykyta. Sa famille n'avait aucune idée de l'endroit où le chercher. Les parents espéraient que le jeune homme reviendrait le lendemain, mais le temps passait et il n'y avait aucune nouvelle de leur fils et bien-aimé. Après la libération de la commune urbaine, la famille des Bouzinov a appris qu'un habitant de la localité, qui avait également été enlevé par les Russes le 4 mars, a été retrouvé torturé à mort : après avoir été battu pendant des jours et des jours, il a été exécuté d'une balle dans la tête. Tout le monde craignait que Mykyta ne soit victime d'un même sort. Sa mère a fourni des échantillons d'ADN. Les mois passaient, mais la famille ne recevait aucune correspondance. Le jeune homme ne figurait pas parmi les morts.
Enfin, neuf mois après son enlèvement, on a appris qu'il pourrait être détenu à Belgorod, en Russie. L'avocat engagé par ses proches s'est rendu dans cette ville, mais on lui a répondu que Mykyta Bouzinov ne se trouvait pas dans le centre de détention de Belgorod. Plus tard, une autre nouvelle est tombée : une personne portant ce nom a "quitté" la prison locale.
La famille espère donc que le jeune homme est toujours en vie et qu'il est détenu dans une prison russe. Et qu'un jour, il rentrera.
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Vitaliy Profatilov
Vitaliy Profatilov âgé de 55 ans travaillait comme chauffeur de bus scolaire dans la ville de Novyï Bouh de la région de Mykolaïv, dans le sud de l'Ukraine. Après le début de l'invasion russe, Vitaliy a fait partie des chauffeurs qui ont accepté de transporter des soldats mobilisés - la Russie a envahi l'Ukraine et a commencé à occuper le territoire. Tout d'abord, l'homme s'est vu dire qu'il devait transporter les soldats à Mykolaïv. Mais il était impossible d'entrer dans la ville à cause des combats. Les bus ont donc été envoyés à Marioupol, une ville située au bord de la mer d'Azov, aujourd'hui sous le contrôle de la Fédération de Russie. Là, les chauffeurs civils se sont immédiatement installés en bouclage par les Russes : ils ne pouvaient plus sortir de la ville.
Selon l'épouse de Vitaliy, Olga Profatilova, les quatre chauffeurs se cachaient des bombardements russes à l'usine métallurgique Ilyich. Même en dépit des bombardements, Vitaliy a essayé de téléphoner à sa famille depuis la ville assiégée. Profatilov a cessé de communiquer le 4 avril 2022. Deux semaines plus tard, son épouse a trouvé une vidéo de Vitaliy, qui se trouvait parmi les prisonniers la colonie pénitentiaire d'Olenivka, dans la région de Donetsk. "Il y en avait des milliers dans la cour de la prison, j'ai vu mon mari dans les premiers rangs. Je l'ai reconnu à ses habits. Il a beaucoup changé. Certains de ses proches ne l'ont même pas reconnu", se souvient Olga. Olenivka est devenu l'un des centres de détention de nombreux prisonniers de guerre et civils ukrainiens. La plupart d'entre eux ont ensuite été transportés vers la Fédération de Russie.
Selon des informations non officielles, Vitaliy a également été transféré en Russie, où il aurait été détenu dans la colonie pénitentiaire n° 1 de Koursk. Récemment, sa famille a été informée que Profatilov, ainsi que d'autres chauffeurs, pourraient être détenus en Mordovie.
Même avant l'invasion à grande échelle, Vitaliy souffrait de graves problèmes de foie de problèmes cardiaques. Il a subi une crise cardiaque. En outre, il souffre de goutte aux pieds, de la maladie de Ménière et est sourd d'une oreille. Auparavant, il subissait un traitement spécial tous les mois. Sa famille ne sait pas quel est l'état de santé de Vitaliy et s'il reçoit de l'aide dans des prisons russes.
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Andrii Harasymenko
Avant l'invasion russe, Andrii Harasymenko vivait avec sa femme Nataliia dans le village de Novooukraïnske, dans l'oblast de Tchernihiv, une région du nord de l'Ukraine limitrophe de la Russie. Le couple a élevé deux filles. Andrii travaillait comme agent de service du gaz, avait un ménage et du bétail.
Le 24 février, un convoi de chars russes a traversé Novooukraïnske, et la bataille pour Tchernihiv a commencé, avec des détonations d'obus à proximité. En mars, la famille a passé la plupart du temps dans la cave, à l'abri des bombardements.
Le 25 mars, des hommes en uniforme et armés de mitraillettes ont fait irruption dans le logement des Harasymenko. Sa femme Nataliia se souvient qu'il y avait tellement de soldats russes que c'était comme s'ils étaient venus arrêter un terroriste connu. Elle a remarqué des personnes portant des uniformes spécifiques, dont presque toutes portaient des cagoules. " Probablement la police militaire ou le FSB ", estime Natalia. La famille a été interrogée pendant environ une heure. En même temps, les Russes ont fouillé la maison : ils ont pris des documents, des téléphones portables, une tablette, un système informatique, des clés USB, des lampes de poche et un routeur Wi-Fi.
Après la perquisition, le groupe a fait ses bagages et est parti. Ils ont emmené Harasymenko avec eux dans une VAB. Natalia a estimé qu'Andrii avait été emmené dans le village de Vyshneve, près de Novooukraïnske. La femme s'y est rendue à deux reprises pour essayer d'obtenir des informations sur le sort de son mari. Lors de sa deuxième visite, le 28 mars, un soldat russe lui a dit que les prisonniers avaient été conduits vers une destination inconnue.
Pendant près de deux mois, aucune nouvelle n'a été donnée sur le sort de la personne enlevée. La famille ne savait pas s'il était vivant. Pour l'identification, on a montré à Nataliia des photos de civils torturés par les Russes et retrouvés à Vyshneve. Son mari n'était pas parmi les victimes.
Enfin, il a été trouvé en Russie. Le témoin, qui est rentré chez lui dans le cadre de l'échange, a déclaré avoir vu Harasymenko dans le centre de détention de Koursk. “Il ne m'a pas tout dit, mais j'ai compris qu'Andrii avait été très battu. Il a demandé de signaler qu'il était vivant. C'était le 22 mai 2022”, se souvient Nataliia.
La famille a reçu la nouvelle suivante à la fin du mois de décembre 2022. Un homme est alors sorti dans le cadre de l'échange et a déclaré avoir vu Harasimenko dans la colonie pénitentiaire n° 1 de Toula, dans la ville de Donskoï. Au cours de l'été 2023, de nouvelles informations ont été communiquées par des proches d'autres prisonniers : Andrii a été transféré dans la colonie pénitentiaire "Polyana", en République de Mordovie. Harasymenko souffre d'une maladie rénale et devait subir une opération d'extraction de calculs rénaux à la fin du mois de février 2022. Mais à cause du début de l'invasion, il n'a pas pu se rendre à l'hôpital de Tchernihiv. La famille ne sait pas s'il est soumis à un traitement dans les prisons russes.L'histoire d'un otage
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Kostiantyn Zinovkin
Lorsque la Russie a lancé son invasion à grande échelle de l'Ukraine, Kostiantyn Zinovkin, âgé de 29 ans, est resté dans sa ville natale de Melitopol pour s'occuper de sa mère et de sa grand-mère. Très vite, les envahisseurs ont occupé la ville et ont commencé à enlever des gens et à fouiller leurs maisons. Le 12 mai 2023, Kostiantyn est parti de chez lui et n'est jamais revenu. Cependant, trois inconnus en civil ont pénétré dans son appartement, interrogé sa mère et sa grand-mère et fouillé la maison. Ils ont déclaré que Kostiantyn a été arrêté “pour violation du régime" et sera bientôt libéré. Pendant environ un mois, la famille n'a pas su ce qui lui arrivait, puis les occupants ont accusé Kostiantyn de terrorisme et de tentative d'attentat à l'explosif.
- Pour que vous compreniez bien, nous ne mangeons pas de viande depuis de nombreuses années parce que nous ne voulons pas que les animaux souffrent à cause de nous. Faire exploser un homme, c'est quelque chose de très sauvage et ça ne lui ressemble pas", explique la femme de Kostiantyn, Lucienne.
En juillet 2013, les Russes ont transféré Konstantin au centre de détention n° 2 de Tchongar. Les otages y sont maintenus sous surveillance vidéo 24 heures sur 24 et ils sont torturés. En mai, les Russes ont lancé une "enquête procédure pénale" contre Kostiantyn Zinovkin. Tous les deux mois, il est conduit devant les « tribunaux », où la mesure préventive est prolongée, mais ni sa femme ni sa mère ne connaissent les détails des audiences. La dernière séance a eu lieu le 25 janvier. Depuis lors, la famille de Zinovkin n'a aucune information à son sujet.
L'histoire d'un otage
L'histoire d'un otage
Oleksij Halevyč
Před začátkem rozsáhlé ruské invaze žil Oleksij Halevyč se svou ženou a synem v Doněcké oblasti. Šestatřicetiletý muž pracoval jako hlídač nákladu na železnici. Jeho rodnou vesnici obsadilo Rusko 26. února 2022 – dva dny poté, co zahájilo plnohodnotnou válku. Oleksij a jeho rodina chtěli okamžitě opustit okupované území, ale jelikož neměli žádné informace o bezpečných evakuačních trasách, neodvážili se odejít. Muž má za sebou vojenskou službu z let 2019 až 2020. Poté už neměl s armádou nic společného. Dne 2. dubna 2022 začali Rusové unášet lidi, kteří kdysi vojákovali. Přišli i do Oleksije. Odvedli ho do místní školy, podrobili výslechu a pak mu zalepili páskou ruce, na hlavu mu dali pytel a odvezli ho do Novoazovska, dalšího okupovaného města v Doněcké oblasti. Podle Oleksijovy sestry Halyny bylo v té době ve vesnici uneseno 50 civilistů.
Zhruba měsíc rodina o Oleksijově osudu nic nevěděla. Nakonec se díky příbuzným jiných vězňů dozvěděli, že Halevyč by mohl být v trestanecké kolonii č. 120 v Olenivce u Doněcka. Rodiče vězně, kteří také zůstali v okupaci, se vydali do Olenivky a předali synovi balíčky. O týden později jim však bylo oznámeno, že Oleksij byl odvezen. Jak se později dozvěděli, byl odvezen do doněckého vězeňského zařízení.
O několik měsíců později byl Halevyč převezen do Kalininské trestanecké kolonie ve městě Horlivka v Doněcké oblasti. Během doby, kdy byl v zajetí, od něj rodiče obdrželi několik dopisů. Dozvěděli se, že civilní rukojmí včetně jejich syna jsou v Horlivce drženi odděleně od vojenského personálu. Každé ráno zajatci zpívají ruskou hymnu. V kolonii je velmi špatná situace s pitnou vodou, která je odebírána z rybníka, a vězni mají problémy se zažíváním.
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Oleksandr Babytch
Oleksandr Babytch — maire de la ville de Hola Prystan. Il a été enlevé par les Russes dans la matinée du 28 mars 2022. Une semaine auparavant, il avait renvoyé sa femme et ses deux filles loin de la zone d'occupation, tout en refusant catégoriquement de quitter la communauté. Depuis le début de la grande guerre, Babytch organisait des livraisons de nourriture en provenance des villes et villages voisins, distribuait de l'aide humanitaire et, le soir, avec les habitants motivés de Hola Prystan, patrouillait dans les rues pour lutter contre les pillards. A plusieurs reprises, des manifestations pro-ukrainiennes ont été organisées dans la ville, et Babych y a participé activement. En un peu plus d'un mois de vie sous occupation, le maire a reçu plusieurs menaces à son encontre. Les Russes lui ont lancé un ultimatum, le pressant de coopérer. Enfin, l'homme a été conduit sous escorte au bâtiment du conseil municipal, où il a eu une brève conversation avec un représentant du FSB à huis clos, à la suite de laquelle Babytch a été mis dans un minibus et emporté.
Viktor Marouniak, chef du village de Stara Zburiivka, qui a également été enlevé par des Russes en 2022, évoque les raisons possibles de cet enlèvement : "Babytch a une attitude patriotique. Cela fait longtemps que je le connais, il a toujours été actif à Hola Prystan et a été député du conseil municipal de Hola Prystan pendant plusieurs convocations. Il a participé au Maïdan de 2004 et au démantèlement du monument de Lénine. Après 2014, il a aidé l'armée. Chaque année, des fonds provenant du budget de la ville étaient alloués au soutien de l'armée, et un montant d'un demi-million d'UAH était prévu pour 2022".
Depuis plus de deux ans, le maire de Hola Prystan est incarcéré dans le centre de détention n° 2 de Simferopol, en Crimée occupée. Les Russes ne confirment pas officiellement sa détention, ne portent pas plainte et ne lui fournissent pas d'avocat.
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Serhii Leibak
Serhii Leibak, 35 ans, a été fait prisonnier par les Russes après l'occupation de son coin de pays, la flèche de Kinburn, une zone protégée dans le sud de l'Ukraine, à la suite d'une invasion de grande échelle. Avant la grande guerre, Serhii vivait dans le village de Pokrovske avec sa femme Khrystyna et ses deux enfants. Il a travaillé comme inspecteur de la conservation de la nature dans le parc national de la Côte Blanche de Sviatoslav. Le 19 mars 2022, alors que Serhii était au travail, les russes sont venus le trouver. Selon son épouse, les occupants auraient pu être intéressés par les camionnettes utilisées par son mari, car ces véhicules étaient adaptés au transport de cargaisons militaires.
Après la disparition de son mari, Khrystyna ne savait pas s'il était vivant ni où il se trouvait. Avec ses jeunes enfants, elle a dû fuir l'occupation russe sur un minuscule bateau dans une tempête sur la mer.
Chaque jour, Khrystyna examinait des centaines de photos de prisonniers qu'elle avait trouvées en ligne pour voir un visage qui lui était familier. Ce n'est qu'en septembre 2022 que la femme a réussi à trouver une photo de son mari enlevé. "Serhii avait l'air terrible, il avait des bleus sur le visage et un bras bleu blessé, il a tenu une enseigne avec son nom", se souvient Khrystyna. Elle a trouvé des gens qui ont vu Sergei dans un centre de détention en Crimée. Plus tard, elle a appris que Leibak avait été transféré dans un centre de détention provisoire à Taganrog. Par la suite, un soldat qui a été placé en liberté à titre d'echange de prisonniers a expliqué à Khrystyna que, jusqu'au 16 février 2023, il se trouvait dans un centre de détention provisoire dans la ville russe de Ryazhsk, dans la région de Ryazan, avec son mari. Selon ce militaire-là, les prisonniers civils y étaient détenus avec les militaires. Les cellules sont surpeuplées, les otages sont mal nourris et souvent torturés. En outre, ni les avocats ni les représentants du Comité international de la Croix-Rouge n'ont accès aux prisonniers ukrainiens.
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Serhiy Sytnyk
Serhiy Sytnyk était âgé de 32 ans au moment de son enlèvement par les militaires russes, qui avaient occupé la veille la ville de Trostianets en Ukraine. Personne ne sait exactement la raison pour laquelle il a été capturé. Peut-être parce qu'il était chasseur. Le lendemain de l'enlèvement, les Russes se sont rendus à son domicile. Ils ont mis le domicile sens dessus dessous et ont pris tout ce qu'ils trouvaient, y compris de la nourriture et des chaussettes chaudes. La mère de Serhii a été témoin de la fouille. Elle a appris, à la suite de conversations avec les militaires russes, que son fils était en vie.
La femme est allée chercher Serhiy à la gare de Trostianets, où les Russes retenaient les Ukrainiens. Elle marchait les mains en l'air. Il y avait beaucoup de soldats de la Fédération de Russie partout, raconte-t-elle. C'était vraiment effrayant. Cependant, elle n'a pas abandonné ses efforts pour connaître le sort de son fils. Finalement, l'un des Russes lui a dit que Serhiy n'était pas à la gare et lui a conseillé de le chercher au poste de police local. Mais là, on a également expédié la femme bredouille.
La famille de l'homme enlevé est convaincue que les Russes l'ont emmené dans le village voisin de Boromlia, car le 4 avril 2022, après la désoccupation du village, ils ont trouvé son ticket de chasse, ses cartes bancaires et sa carte de travail. Sa mère et sa sœur cherchaient l'homme parmi les personnes torturées à mort retrouvées dans le village après la fuite des Russes. Mais Serhiy ne figurait pas non plus parmi les morts.
Le chef de la communauté de Boromlia a expliqué aux femmes que de nombreux prisonniers ukrainiens avaient été emmenés par les Russes. Ils ont été conduits à travers le village de Krasnopillia en direction de la frontière russe. Beaucoup d'entre eux sont encore détenus dans des prisons sur le territoire de la Fédération de Russie.
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Iryna Horobtsova
Une habitante de Kherson, Iryna Horobtsova, a été enlevée le jour de son anniversaire, le 13 mai 2022. La femme a eu 37 ans. Six soldats russes au visage masqué ont fait irruption dans son appartement et ont commencé à le fouiller. Les parents d'Iryna étaient très effrayés. Sa mère pleurait, les occupants l'ont bloquée dans la cuisine. Après avoir retourné la maison sens dessus dessous, les russes sont partis, ils ont emmené Iryna.
Avant l'occupation, Iryna Horobtsova menait une vie prospère à Kherson : elle travaillait dans une société informatique et faisait aussi des études de psychologue. Elle aimait voyager, faire de la natation et aider les gens. Lorsque les Russes ont occupé la ville, Iryna a conduit au travail les médecins qui vivaient en banlieue et a collecté des fonds pour le centre local de transfusion sanguine. Elle a également participé à des manifestations contre l'occupation et n'a pas hésité à exprimer sa position pro-ukrainienne.
Mme Horobtsova a été enlevée dans l'appartement de ses parents, qui donne sur l'aéroport de Tchornobaïvka. C'est sur cet aérodrome que les Russes ont déployé leur matériel et leur personnel, et les troupes ukrainiennes ont réussi à les détruire à plusieurs reprises. Après une nouvelle frappe efficace, les militaires russes ont commencé à enlever des habitants, les soupçonnant d'avoir ajusté les tirs. L'une des victimes était Iryna Horobtsova.
Le lendemain de son enlèvement, ses parents se sont rendus au centre de détention de Kherson pour donner des vêtements de rechange à leur fille. Cependant, les occupants ne leur ont pas permis de transférer des vêtements ou de la nourriture. Les parents ont essayé tous les jours de rencontrer Iryna, mais en vain. Quelque temps plus tard, le centre de détention a informé que Horobtsova n'était plus là. La femme a été emmenée en Crimée temporairement occupée. Ses parents sont allés la chercher au centre de détention de Simferopol, mais personne n'a voulu leur parler. Les parents ont engagé un avocat en Crimée. Cet avocat a découvert qu'Iryna avait effectivement été emmenée au centre de détention de Simferopol, où ses empreintes digitales ont été relevées. Elle serait apparemment détenue à Sébastopol.
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L'histoire d'un otage
Mykola Garbar
Depuis près de deux ans, le sort du mécanicien âgé de 55 ans, originaire du village de Novokaïry, dans la commune de Beryslav (région de Kherson), reste inconnu. Depuis le 16 août 2022, Mykola Garbar ne communique plus avec sa femme, qui a quitté le village occupé au début de l'invasion russe. Plus tard, une voisine du couple a déclaré avoir vu Mykola enlevé par l'armée russe le 17 août.
— « Un véhicule militaire russe, leur « Tigre », s'est approché de la maison », explique Tetiana Garbar le message de sa voisine, « il y avait quatre hommes ». Ils sont entrés dans la cour, dans la maison et y sont restés longtemps sans sortir. Ensuite, Mykola a ouvert la porte, a sorti sa voiture, a fait un clin d'œil à sa voisine en lui indiquant qu'ils l'emportaient, s'est mis au volant, un soldat russe armé est monté à côté de lui, et ils ont quitté le village.
La voisine qui a été témoin de l'enlèvement de Mykola Garbar disposait d'un double des clés de sa maison et est donc allée vérifier la situation. La maison n'était pas verrouillée. À l'intérieur, elle a vu un coffre-fort ouvert et le portefeuille vide du propriétaire. Il n'y avait pas de passeport et de billet militaire de Mykola.
La famille et les amis de Mykola Garbar ont tenté de le retrouver dans les villes de Nova Kakhovka, Tchaplynka et dans d'autres lieux où la Russie retient des Ukrainiens. Quelques jours après l'enlèvement de Mykola, la marraine de la famille Garbar s'est même rendue à l'usine mécanique de Beryslav, où les Russes torturaient des civils à l'époque. Cependant, aucune information sur le sort de l'homme n'a été trouvée.
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Dmitry Khyliuk
Le 3 mars, les Russes ont capturé le célèbre journaliste et correspondant de de l'agence de presse "UNIAN", Dmytro Khyliuk, dans la cour de sa propre maison. Après le début de l'invasion à grande échelle, Dmytro n'a pas pu partir pour un endroit plus sûr, car il devait s'occuper de ses parents âgés. Le 1er mars 2022, le village a été occupé et il était impossible de le quitter. Presque immédiatement, les Russes ont fouillé sa maison. Plus tard, un missile a touché la maison et l'a partiellement détruite. Par conséquent, la famille a dû s'installer dans la maison d'un voisin. Le 3 mars, Dmytro et son père ont décidé d'inspecter l'état de leur maison pour évaluer les dégâts. Mais ils n'y sont pas arrivés : En pleine rue, les soldats russes se précipitent sur eux près de la maison. Le père de Dmytro , Vasily Khyliuk, se souvient de ces événements: Ils ont commencé à crier : "Mains en l'air ! A terre !" Ils nous ont fait mettre à terre, nous ont fouillés, nous ont enlevé nos bottes et ont même tiré sous l'oreille de Dima. Puis ils nous ont ramassés, nous ont mis des vestes sur la tête et nous ont emmenés".
Les deux hommes ont été détenus dans la région de Kiev et transférés à plusieurs reprises d'un endroit à l'autre. Le père de Dmytro Khyliuk a été libéré le 11 mars, tandis que Dmytro a été emmené en Russie. Comme les reporters de l'organisation internationale "Reporters sans frontières" ont découvert dans leur enquête, le journaliste a d'abord été détenu dans le centre de détention provisoire n° 2 de la ville de Novozybkov, dans la région de Briansk. Selon un ex-prisonnier interrogé par les Reporters, les forces spéciales du centre de détention ont régulièrement interrogé le journaliste sur ses activités, l'accusant de "propagande ukrainienne et de travail contre la Russie". Dmytro Khyliuk a également été battu plusieurs fois.
Fin février 2023, une source de ce centre de détention provisoire, qui a accès à toutes les cellules de l'ancien bâtiment, a indiqué aux Reporters que Khyliuk ne s'était pas rendu dans cette partie de la prison depuis le début de l'année 2023. On ne sait pas encore si le journaliste a été transféré dans un autre bâtiment de ce centre de détention ou emmené hors de l'établissement. Après l'arrestation de Dmytro, ses parents ont reçu la seule nouvelle de lui : une lettre datée du 14 avril 2022, dans laquelle leur fils écrivait qu'il était vivant et en bonne santé. Ces quelques mots rédigés au printemps ne sont parvenus aux parents qu'en septembre de l'année dernière.
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Serhiy Khrolenko
Le jour de sa disparition, Serhii Khrolenko, âgé de 54 ans, maître fabricant de meubles du village de Dymer, dans la région de Kiev, s'est rendu à l'épicerie.
« C'est à 900 mètres de sa maison. Il est parti sans son téléphone ni son passeport parce qu'il espérait revenir très vite. Il a pris un simple sac à main, il était environ 15 h 30. Puis un véhicule blindé russe s'est approché de l'épicerie, des chars passaient. Tout le monde s'enfuyait, mais mon père a décidé de continuer à marcher vers la maison. Ils se mirent à l'appeler en disant : « Où vas-tu ? » Il a répondu qu'il rentrait chez lui. Ils ont dit qu'on l'emmenait avec eux. Mon père a refusé. Alors les Russes ont accouru, l'ont attrapé, l'ont poussé dans un véhicule blindé et l'ont emmené vers le centre du village », a raconté Yana, la fille de Serhiy, en rapportant les paroles des témoins. Elle affirme que le matériel militaire russe était acheminé à travers le village de Dymer, du village de Katyuzhanka vers le village de Demidov.
À l'époque de l'occupation de Dymer, Yana a tenté d'obtenir des informations sur son père auprès d'Oleksandr Kharchenko, collaborateur local et protégé des Russes.
« Le traître a confirmé que le père était détenu en captivité dans la fonderie de Dymer, rue Vishnevaya, n° 22-B. Il a déclaré que le père avait été arrêté en raison de son mauvais comportement, prétendument impoli à l'égard des militaires russes. Kharchenko a promis que le 19 mars, le père sera congédié. Cependant, cela ne s'est jamais produit », explique Yana.
On sait qu'avant la retraite, les Russes ont emmené des otages des régions du nord de l'Ukraine vers la Russie à travers la Biélorussie. Cependant, Yana ne dispose pas d'informations exactes sur le lieu de détention et l'état de santé de son père, bien que son nom apparaisse à plusieurs reprises dans les listes d'otages sur les canaux de recherche de la plate-forme Telegram.
Yana a reçu une réponse à sa sollicitation de la part du Bureau national d'information, qui recueille des informations sur les détenus civils en Ukraine. Cette lettre faisait référence au « séjour (de Serhiy) en captivité », mais aucun autre détail n'a été révélé par les forces de l'ordre.
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Volodymyr Androsovytch
Volodymyr Androsovytch, originaire du village d'Ulianivka, dans la région de Mykolaiv, a eu 62 ans lors de sa captivité en Russie. Il travaillait comme chauffeur d'autobus scolaire. Au début de l'invasion, il a reçu un appel du directeur de l'école lui demandant d'emmener les réfugiés en dehors de la ville de Bashtanka. À son arrivée, Volodymyr reçoit une nouvelle mission : transporter des soldats mobilisés à Marioupol, qui est déjà en proie à de violents combats.
Une fois l'homme entré dans la ville, les Russes ont clôturé l'encerclement. Il n'a pas pu sortir. Avec d'autres chauffeurs, il attendait le couloir humanitaire. Selon sa fille Liudmyla, son père voulait non seulement partir lui-même, mais aussi emmener dans son bus les civils qui restaient à Marioupol sous le feu des bombardements russes.
Les chauffeurs se cachaient à l'usine métallurgique Ilyich, que les russes couvraient également de feu. Volodymyr a essayé de rester en contact avec sa famille tout le temps. Sa fille Liudmyla raconte que le 4 avril 2022, son père l'a appelée pour la dernière fois.
La famille a appris par des vidéos propagandistes que Volodymyr Androsovytch avait été capturé. À la mi-avril, une interview a été diffusée à la télévision russe : Androsovych et plusieurs chauffeurs racontent comment ils se sont retrouvés à Marioupol. Liudmyla a vu d'autres vidéos propagandistes avec son père. "Le dernier, où il a été filmé, est très douloureux à regarder - il a perdu beaucoup de poids. Avant ces événements, il pesait 90 kilos", explique sa fille.
Pendant la captivité, la famille n'a reçu aucun appel ni aucune lettre de Volodymyr. Ils savent seulement qu'au printemps 2022, il était à Olenivka, dans la région de Donetsk. En mai de la même année, il a été emmené vers une destination inconnue.
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Ivan Hontchar
Ivan Honchar, âgé de 24 ans, a connu le début de l'invasion russe à Marioupol, une ville située sur la côte de la mer d'Azov. Il y avait une entreprise prospère : il possédait un magasin de vêtements et de chaussures de marque.
Dès les premiers jours de la guerre, la Russie a commencé à bombarder Marioupol. Ivan, sa petite amie et sa mère se sont cachés dans une maison privée. Peu après, un missile russe s'y est abattu, et le jeune homme et sa famille ont miraculeusement survécu. Ils se sont installés dans un grand abri anti-bombes près du stade Azovstal. Environ 150 habitants de la ville s'y cachaient. Cependant, le 5 avril 2022, l'abri anti-bombes a également échoué : après la frappe, un incendie s'est déclaré et les locaux ont été remplis de fumée. Les civils ont été obligés d'aller dehors en pleine nuit, tandis que les occupants continuaient à bombarder la ville.
Ivan et sa famille cherchaient un abri au bord de la mer. Là, les militaires de la Fédération de Russie les ont dirigés vers la frontière. Selon Illya, le frère d'Ivan, des Tchétchènes ont commencé à le persécuter en chemin, l'accusant d'appartenir à l'armée ukrainienne. "Il s'est laissé pousser la barbe et semble athlétique, même s'il n'a jamais servi nulle part", explique Illya.
Le 9 avril, Ivan, sa mère et sa petite amie ont décidé de franchir la frontière russe, avec l'intention de rejoindre l'Ukraine à travers la Russie, la Géorgie et l'Europe. Mais à la frontière, Ivan a disparu. Séparé de ses proches, il a été convoqué dans l'un des bureaux. Là, ses proches l'ont vu pour la dernière fois.
On est resté sans nouvelles de lui pendant de nombreux mois. Ce n'est qu'à l'automne 2022 que le Ministère russe de la défense a confirmé qu'Ivan Honchar avait été arrêté pour s'être opposé à la soi-disant "opération militaire spéciale". En février 2023, un prisonnier libéré a déclaré qu'Ivan avait été détenu à Taganrog, en Russie, puis transféré dans la ville de Kamensk-Chakhtinski. Selon un ancien prisonnier avec lequel Illya s'est entretenue, des violences psychologiques et physiques sont exercées à l'encontre des prisonniers. En particulier, à Kamensk-Chakhtinski, ils sont attaqués par des chiens, des pierres leur sont jetées et ils sont attaqués avec un pistolet à impulsion électrique.
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Volodymyr Mykolayenko
De 2014 à 2020, Volodymyr Mykolayenko a été maire de Kherson, une capitale régionale au sud de l'Ukraine. Au début de l'occupation, Mykolayenko, 62 ans, n'a pas quitté sa ville natale. Les Russes ont essayé à plusieurs reprises de forcer l'homme à coopérer, mais il a résolument refusé. Le 18 avril Volodymyr a disparu: il a quitté la maison et n'est pas revenu. L'ex-maire de Kherson est devenu l'un des dizaines d'habitants enlevés au printemps 2022. La plupart d'entre eux étaient des personnes impliquées dans la défense de la ville ou celles qui soutenaient publiquement l'Ukraine malgré l'occupation. Peu après, les Russes ont publié une vidéo de propagande avec Mykolayenko, mais même en captivité, l'homme s'est comporté avec dignité et n'a pas abandonné sa position pro-ukrainienne.
Début mai, les occupants sont venus perquisitionner l'appartement de Mykolayenko, ainsi que celui de sa fille. Ce jpur-là, sa femme Maryna a vu Volodymyr pour la dernière fois. “Deux voitures portant les lettres "Z" sont arrivées. L'une était occupée par des militaires, l'autre par des hommes en uniforme noir. Je pense que c'était le FSB. C'est avec eux que mon mari se trouvait dans la voiture. Quand il est sorti, je lui ai dit: "Raconte-moi tout." Il dit: "Dis à tout le monde que je vous aime très, très fort", se souvient Marina. Quand à la perquisition, elle s'est transformée, selon la femme, en un véritable cambriolage. Les russes ont pris tout ce qu'ils ont vu: routeurs, parfums, alcool, champignons et café. Tout d'abord, l'ancien maire a été détenu dans les locaux du commissariat de police de Kherson, où les prisonniers ont été brutalement torturés. Par la suite, l'homme a été transporté en Crimée occupée. Au bout d'un certain temps – au territoire de la Fédération de Russie.
La nièce de Volodymyr, Ganna, a raconté que la famille recueillait petit à petit des renseignements sur l'endroit où se trouvait Mykolayenko auprès d'Ukrainiens libérés de captivité. Il dit que son oncle a été transféré de colonie en colonie à plusieurs reprises. Par conséquent, sa situation change constamment. Volodymyr souffre de problèmes de santé : il fait de l'hypertension et a mal au dos. Lors de la perquisition de son appartement au printemps dernier, on lui a permis d'emporter quelques médicaments. Mais ils n'auraient pas suffi longtemps. Sa famille ne sait pas si Mykolayenko reçoit un traitement dans des établissements pénitentiaires russes.
Pendant toute la durée de sa captivité, la famille n'a reçu qu'une seule fois une lettre de Volodymyr, c'était en août dernier. Depuis cette date, aucune nouvelle de lui n'a été reçue.
L'histoire d'un otage
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Oleksandr & Iryna Levtchenko
Le couple, Iryna et Oleksandr Levtchenko, âgés de 62 ans, a été enlevé par des Russes au printemps 2023. À l'époque, Melitopol, une ville du sud de l'Ukraine, était déjà sous occupation depuis plus d'un an après le début de l'invasion à grande échelle de la Fédération de Russie. Après l'arrivée des russes, les époux e Levtchenko ne voulaient pas quitter la maison. Ils étaient persuadés que les occupants ne s'intéressaient pas aux retraités ordinaires et que l'armée russe ne les toucherait pas.
Iryna était journaliste, mais depuis sa retraite, elle ne s'est pas impliquée dans des activités professionnelles. Selon Olena, la sœur d'Irina Levtchenko, le couple a disparu le 6 mai: c'est à ce moment-là qu'ils ont cessé de maintenir le contact. En outre, une de leurs connaissances communes a vu Iryna dans la rue ce jour-là, entourée de soldats russes.
Ainsi, la sœur suppose que les occupants n'aimaient pas les Lévtchenko et qu'ils les ont capturés au milieu de la ville. La suite de l'histoire du couple est quasiment inconnue. Selon le témoignage d'Olena, Oleksandr a réussi à transmettre un mot depuis son lieu de détention à Melitopol. Il a écrit qu'il vivait dans des conditions inhumaines, qu'il dormait sur le sol en béton et qu'il n'avait presque rien à manger. Ensuite, un ami a apporté de la nourriture et des vêtements pour Oleksandr, mais les Russes n'ont pas voulu prendre le colis.
Les amis du couple de Levtchenko ont également essayé d'en savoir plus sur leur destin au sein des "organes chargés de l'application des lois" des occupants, mais on leur a répondu que ces informations ne seraient communiquées qu'aux membres de leur famille. Mais toute la famille, y compris la sœur Olena, ont quitté la ville de Melitopol occupée. La famille dispose donc d'informations très sommaires sur les personnes enlevées.. On sait qu'Oleksandr serait toujours détenu à Melitopol et accusé de "terrorisme". Le lieu de détention de son épouse Iryna reste toujours inconnu.
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Ihor Palamartchouk
Ihor Palamartchouk est un entrepreneur du village de Bilozerka de la région de Kherson. Après l'occupation, il a décidé d'évacuer sa femme et est resté à la maison. Pour la première fois, il a été arrêté en juin 2022. "Les militaires russes ont aménagé une chambre de torture dans le bureau du procureur local, et c'est juste là où Ihor a été emmené. Là, l'homme a été battu, emmené quatre fois dans un champ et soumis à un simulacre d'exécution. Au moment de sa détention, il avait 52 ans et faisait son âge, tandis que lorsqu'il a été libéré dix jours plus tard, il avait déjà l'air d'un vieillard", raconte Lyubov, la femme d'Ihor. Palamartchouk lui a dit que les civils étaient torturés avec des chocs électriques et qu'il avait entendu des cris dans ledit bureau. Ils les ont à peine nourris : au lieu de nourriture, le pain était jeté sur le sol. Pour la deuxième fois, Palamartchouk a été enlevé le 16 août 2022. Son destin est resté longtemps inconnu. Après la libération du village à l'automne 2022, sa famille a tenté de savoir où il avait disparu, mais personne ne savait rien. Un jour, dans un reportage des médias russes sur les Ukrainiens capturés, Lyubov Palamartchouk a vu un homme amaigri qui ressemblait à Ihor. La MIHR a retrouvé un prisonnier de guerre libéré à la suite de l'échange, qui a confirmé avoir vu Ihor Palamartchouk dans un centre de détention de la Fédération de Russie. Des prisonniers de guerre et des civils ukrainiens y sont détenus. Les conditions de détention sont épouvantables : les prisonniers sont souvent battus et ne bénéficient pas de soins médicaux. Depuis un an, la famille d'Ihor Palamartchouk n'a reçu aucune confirmation officielle du lieu et des raisons pour lesquelles il est détenu par la Russie.
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Vitaliy Kouznetsov
Vitaliy Kouznetsov est un habitant du village de Pryсhyb, district de Bashtanka, région de Mykolaiv. Il était chauffeur de bus scolaire. Le 26 février 2022, en même temps que d'autres chauffeurs de la région de Mykolaiv, il a été chargé de transporter des soldats mobilisés vers la région de Donetsk. Dans un convoi de quatre bus, Kouznetsov est arrivé à Marioupol, mais n'a pas pu en sortir car la ville était encerclée par les Russes. Les troupes ennemies bombardaient sans relâche Marioupol à l'aide de leur artillerie et de leurs avions. Les chauffeurs civils ont été contraints de se cacher des bombardements sur le territoire de l'usine Ilyich. Dès qu'il en a eu la possibilité, Vitaliy Kouznetsov a pris contact avec ses proches et leur a raconté ce qui lui arrivait.
"Ils se cachaient dans les hangars où leurs bus étaient garés. Son bus a été endommagé par un projectile ayant frappé le hangar. Après le 16 mars 2022, Vitaliy a déclaré que la situation était devenue plus effrayante, qu'il était même impossible de se rendre à l'extérieur pour aller chercher de l'eau. Ils ont été attaqués avec différents types d'armes", explique Margarita, la sœur de Vitaliy.
Les chauffeurs ne disposaient ni de nourriture ni d'eau. La dernière fois qu'il a été contacté, c'était le 4 avril 2022. Le 18 avril, sa famille a découvert une vidéo sur les médias sociaux indiquant que des chauffeurs de la région de Mykolaiv avaient été capturés par les Russes en même temps que des membres du personnel militaire. Il s'est avéré que Vitaliy Kouznetsov a été capturé le 12 avril et que les troupes russes l'ont d'abord détenu dans la prison d'Olenivka, puis il a été transféré au centre de détention situé dans la ville de Riazhsk de la région de Riazan. Son dernier lieu de détention connu est la prison de Mordovie. Ses parents et sa sœur l'attendent en Ukraine.
L'histoire d'un otage
L'histoire d'un otage
Oleksandr Strogan
Oleksandr Strohan, un camionneur de 49 ans originaire de Tchornobaïvka, dans la région de Kherson, a été enlevé il y a plus d'un an, en août 2012. Au moment de l'invasion, l'homme se trouvait sur un parcours à l'étranger, mais lorsqu'il a appris que les troupes russes avaient envahi l'Ukraine, il est rentré chez lui. Le village de Tchornobaïvka occupé était une localité importante pour l'armée de la Fédération de Russie, il y a un aéroport. Les positions ennemies près de Tchornobaïvka étant fréquemment et précisément bombardées par les forces armées ukrainiennes, les occupants cherchaient des tireurs parmi les résidents locaux, menaient des perquisitions et détenaient des civils. Le 10 août, les militaires sont entrés dans la maison des Strohan et ont enlevé Olha, l'épouse d'Oleksandr Strohan. La femme a été emmenée dans un centre de détention temporaire à Kherson. Quand Oleksandr a découvert où Olha était détenue, il est allé la chercher, mais il a également été arrêté. Olha a été libérée peu après. Depuis lors, la femme est à la recherche de son mari. On sait qu'avant de se retirer de la rive droite de la région de Kherson en octobre 2022, les militaires russes ont emmené quelques civils avec eux. Oleksandr Strohan en faisait partie. Sa famille ne sait pas où il est actuellement détenu. L'homme souffre d'épilepsie et a besoin d'une surveillance médicale constante.
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L'histoire d'un otage
Serhiy Khrypun
Serhiy Khrypoun est un habitant de la ville d'Orikhiv, dans la région de Zaporizhzhia. Avant la grande guerre, il travaillait comme agent de sécurité dans une entreprise agricole située dans le village de Nové, à une demi-heure de route de chez lui. Le 22 février 2022, Serhiy s'y est rendu pour une semaine de travail, mais deux jours plus tard, le village était occupé. Les troupes russes ont pénétré dans l'entreprise agricole où Khrypoun travaillait, y ont installé un quartier général, une cuisine de campagne et un hôpital. En outre, on y cachait des matériels endommagés.
Serhiy voulait se rendre sur le territoire contrôlé par l'Ukraine, mais il n'avait pas de documents. Les Russes ne l'ont pas laissé passer sans passeport. Khrypoun et ses deux collègues sont donc restés dans l'entreprise.
Il restait toujours en contact avec ses proches, en leur téléphonant. Le 24 mars, sa fille Yulia a reçu des nouvelles de son père. Il a dit que les soldats ennemis étaient partis, mais il a de nouveau téléphoné quelques heures plus tard. Il a expliqué que deux camions KamAZ russes étaient arrivés sur son lieu de travail et a suggéré que l'armée russe voulait emporter des fournitures et du matériel.
Par la suite, il n'y a plus eu de contact avec Serhiy Khrypoun. Pendant deux jours, sa famille a tenté de savoir ce qui lui était arrivé. Finalement, la direction de l'entreprise a signalé que Khrypoun et deux autres travailleurs avaient été capturés par les occupants. Les caméras de vidéosurveillance ont enregistré les militaires en train de fouiller les locaux de l'entreprise, de mettre les trois hommes face contre terre, puis de les faire monter dans des voitures et de les emmener vers une destination inconnue.
Yulia n'a qu'une vague idée de ce qui s'est passé par la suite, d'après les récits d'autres prisonniers ukrainiens qui ont réussi à rentrer chez eux. Selon eux, les russes ont d'abord détenu des prisonniers à la ville de Tokmak, puis à la ville de Melitopol. Selon les prisonniers libérés, les conditions y étaient terribles, les prisonniers étaient battus et affamés. Ils ont ensuite été transférés dans une colonie à Olenivka, dans la région de Donetsk, et ensuite à Kursk, en Russie.
Yulia a appris que son père avait été torturé et que ses côtes avaient été brisées. Il n'a pas reçu de soins médicaux.
L'histoire d'un otage
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Vladyslav Popovytch
Le 2 mars 2022, Vladyslav Popovych, âgé de 29 ans, a quitté la ville de Boutcha, dans la région de Kiev, pour se rendre dans le village voisin de Myrotske. La femme de son père était dans la voiture avec lui. Ils transportaient ensemble de la nourriture pour la grand-mère de Vladyslav. Au moment du trajet, ni Vladyslav ni sa belle-mère ne savaient que le village était déjà occupé et que les maisons civiles avaient été occupées par les militaires russes, y compris par des tireurs d'élite qui tiraient sur les voitures. Sur le barrage reliant les deux parties du village, un tireur a heurté la voiture de Popovytch. Suite à ce coup, Vladyslav a été blessé à la jambe et la femme a été blessée à la mâchoire. La belle-mère dit qu'elle et Vlad sont sortis de la voiture en courant, mais qu'ils se sont perdus en partant dans des directions différentes.
La mère de Vladyslav, Tetiana Popovytch, a réussi à reconstituer les événements des deux jours suivants. Des habitants lui ont dit qu'ils avaient vu Vladyslav couvert de boue et et saignant. Ils l'ont aidé à se laver, ont bandé sa jambe et lui ont donné des béquilles. Le 5 mars, il est parti à la recherche d'un véhicule d'évacuation utilisé pour transporter des civils de l'occupation vers le territoire contrôlé par l'Ukraine. Par la suite, personne n'a plus entendu parler de lui.
Les militaires revenus de captivité à la suite de l'échange ont déclaré qu'au printemps 2022, ils ont entendu le nom et le prénom de Vladyslav Popovytch dans le centre de détention de Koursk, en Russie. Plus tard, Tetiana a reçu une courte lettre de Vladyslav, cette lettre a été transmise par les canaux du CICR. Elle ne contenait que quelques mots : Vladyslav était vivant et nourri. Aucune autre information n'est disponible à son sujet.
L'histoire d'un otage
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Pavlo Zaporozhets
Pavlo Zaporozhets, avocat trentenaire originaire de Kherson, a été arrêté par l'armée russe le 9 mai 2022 à Kherson. Il avait auparavant vécu dans la ville occupée pendant près de trois mois – le 24 février, la Russie a lancé une invasion à grande échelle de l'Ukraine. L'homme a servi dans les forces armées ukrainiennes après 2014, il a été démobilisé et travaillait depuis peu de temps auprès des services fiscaux de l'État. Après l'occupation de la région de Kherson, les Russes organisaient des raids et des perquisitions dans la ville : ils recherchaient des personnes qui avaient de l'expérience militaire. Les anciens militaires et leurs familles étaient considérés comme potentiellement dangereux pour la Russie et capables de résister. Après son enlèvement, Pavlo a été détenu pendant quatre mois dans un centre de détention provisoire à Kherson, puis il a été transféré au centre de détention provisoire n° 1 à Simferopol.
Son domicile a été perquisitionné et son matériel a été saisi. En octobre 2022, Zaporozhets, ainsi que d'autres détenus civils, a été transféré au centre de détention provisoire n° 2. La sœur de Pavlo, Maryna, affirme qu'il a été battu en Crimée et qu'en février 2023, il a été transféré à Rostov-sur-le-Don, dans la Fédération de Russie. Un procès s'y est ouvert - Zaporozhets était accusé du non-respect de l'article 361 du Code pénal de la Fédération de Russie pour "intention de commettre un acte terroriste" à Kherson. La famille de Pavlo a déposé une plainte auprès de la Cour européenne des droits de l'homme contre sa détention illégale en espérant une publicité et une réponse de la part des organisations internationales.
L'histoire d'un otage
L'histoire d'un otage
Oleksandr Yarovyy
Des colonnes de troupes russes sont entrées dans le village de Kozarovytchi du district de Vychgorod, dans la matinée du 26 février. Lorsque la guerre a éclaté, Nadiya Yarova, une habitante de la région, se trouvait dans sa maison avec son mari Mykola. Son petit-fils Oleksandr vivait à proximité et travaillait dans une quincaillerie à Dymer, non loin de Kozarovytchi.
"Il a dû retirer les marchandises de la quincaillerie, comme l'avait décidé le propriétaire. Il devait travailler ce jour-là, le 2 mars, mais dans la soirée il n'a pas répondu à mon appel et dans la matinée du 3 mars il n'était pas disponible. Ni dans la joutnée. Un voisin a dit que son véhicule de travail se trouvait quelque part dans le village. Je suis allé. Le voiture était la, les roues coupées. La maison de Sasha était en désordre, on aurait dit qu'ils étaient en train de la fouiller, mais il n'y avait personne", raconte Nadiya, la grand-mère d'Oleksandr Yarovyy qui a été enlevé.
Les voisins racontent que les Russes venaient et obligeaient les jeunes hommes à s'agenouiller et les conduisaient dans la cour les mains en l'air. Oleksandr figurait parmi les détenus.
"Je ne savais pas où il se trouvait depuis longtemps. Mi-mars, on m'a dit qu'un homme de la région était revenu de captivité et avait déclaré que Sasha était détenu à Dymer, dans la région de Kiev", raconte la grand-mère de Yarovyy. Selon elle, le 27 mars 2022, son petit-fils se trouvait déjà au centre de détention de Briansk, où un autre otage avait entendu parler de lui.
En août 2022, Nadiya Yarova a reçu une lettre de son petit-fils, datée du 14 avril. Il contenait que quelques mots: "Je suis vivant. En bonne santé”. Le Comité international de la Croix-Rouge a réussi à faire parvenir les lettres depuis le centre de détention russe.
Où que vous soyez dans le monde, écrivez une lettre à l'ambassade de la Fédération de Russie la plus proche en demandant immédiatement de trouver les civils ukrainiens et de les libérer – tous ensemble ou une personne en particulier dont nous parlons. Votre voix peut être décisive dans ce processus de rapatriement des civils et de leur retour à la vie normale. Grâce à vos actions et à votre conscience citoyenne, nous pourrons accroître la pression sur la Fédération de Russie et aider ceux qui ont le plus besoin de notre soutien. Envoyez votre lettre aujourd'hui et aidez les prisonniers à rentrer chez eux! #ReleaseHostages #DemandforFreedom #ЗвільнітьЗаручників #ВимагайтеСвободи